LE
MONDE | 30.10.02
Menaces
aeriennes a Shanghai
La
plus grande cite chinoise doit se battre contre une nouvelle arme
non conventionnelle : le cerf-volant. L'objet, qui provoquerait
un nombre croissant d'accidents parmi joueurs et spectateurs, a
ete recemment interdit d'usage dans les 125 parcs de la ville. Selon
M. Fang Yan, officiel du bureau administratif des jardins de Shanghai,
cette decision se justifie pleinement : blessures a la tete, coupures
dues aux ficelle et dommages causes a la vegetation, tels sont les
graves mefaits imputes aux cerfs-volants et aux caprices du vent.
Les
Chinois passent pour avoir invente l'objet. Il y a plus de deux
mille ans que le premier cerf-volant aurait flotte dans les airs,
ne des besoins strategiques du celebre general Han-Sin lors du siege
d'une cite ennemie. Le grand homme n'aurait donc pas imagine le
cerf-volant pour sa simple distraction.
Le
cerf-volant est depuis devenu un passe-temps national, pratique
par grands et petits. Le week-end, il n'etait pas rare de voir le
ciel de l'immense Shanghai rempli d'etranges animaux de papier -
dragons, oiseaux ou papillons multicolores - virevoltant entre les
tours de verre et de metal. Et ce petit peuple aerien ne paraissait
pas jusqu'a present gener les autorites de la ville.
Les
officiels evoquent le danger des zones situees a proximite des lignes
electriques, dont le reseau se densifie avec le developpement exponentiel
d'une metropole qui compte 17 millions d'habitants. M. Fang Yan
avoue egalement que la vue des cordes de cerfs-volants emmelees
dans les fils electriques et les branches d'arbres n'est pas bonne
pour l'image de la cite.
Shanghai,
vitrine de la Chine moderne, redoute que cette pratique traditionnelle
ternisse sa figure de riche metropole internationale et avant-gardiste.
Dans la meme optique, la municipalite avait deja fait entendre qu'elle
augmenterait les amendes infligees aux habitants qui laissent secher
leur linge au-dessus des trottoirs des grandes arteres de la ville.
Le
cerf-volant devient donc indesirable dans l'empire du Milieu. Si
la majorite des Chinois lui attribue encore la propriete de conjurer
le mauvais sort, il semble que les officiels du pays n'aient que
faire de ce porte-bonheur. En Chine, developpement et sauvegarde
du patrimoine culturel ne riment decidement pas.
Amelie
de Mauraige
http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3266--296219-,00.html
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