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LE MONDE | 26.06.02

La Chine est confrontee a la derive d'une frange de sa jeunesse.
Les adolescents sont mis a rude epreuve par de fortes pressions sociales
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Pekin de notre correspondant.

Ages de treize et quatorze ans, ils ont achete un bidon de gazoline. Un conflit les opposait au patron du cafe Internet Lanjisu, situe dans le quartier universitaire Haidian a Pekin, et ils entendaient bien laver l'affront.

Bilan du reglement de comptes : vingt-quatre morts, brules vifs. Les deux decerveles ont mis le feu au cafe Internet dans la nuit du samedi 15 au dimanche 16 juin, a une heure ou les etudiants du quartier restent nombreux afin de beneficier de tarifs avantageux.

Cette tragedie, qui a souleve une vive emotion en Chine, a conduit les municipalites de Pekin et de Shanghai a fermer tous les cybercafes afin de verifier la regularite de leur statut, un grand nombre etant illegaux. Au-dela, ce drame pose la question de la delinquance juvenile dans une Chine etourdie de changements.

A defaut de citer des chiffres sur la criminalite des jeunes, la presse chinoise evoque abondamment des cas particuliers. Debut 2000, l'histoire de Xu Li a fait la "une" des journaux. Lyceen de 17 ans dans la province du Zhejiang, Xu Li a mortellement frappe a coups de marteau sa mere, laquelle le harcelait pour qu'il cesse de jouer au foot et revise ses lecons a la maison.

Plus recemment, les medias se sont fait l'echo d'une "semaine noire". Le 18 mars, l'etudiant pekinois Ma Zhongyi prend en otage deux filles, arme d'un faux pistolet. Le meme jour, a Tianjin, un etudiant - ancien eleve modele destabilise par son entree a l'universite - est arrete pour le meurtre de son pere et de sa grand-mere. Le 19 mars, un etudiant-chercheur a l'Academie des sciences est execute pour avoir tue sa petite amie, de rage d'avoir echoue a seduire la copine de celle-ci. Le 20 mars, un etudiant de Chengdu introduit un petit chien dans un four a micro-ondes durant une minute.

IDEOLOGIE DE LA COMPETITION

Cette derniere affaire est certes moins tragique que les precedentes, mais elle illustre une agressivite croissante a l'egard des animaux. Fin fevrier, un etudiant de Qinghua, la prestigieuse universite scientifique, a fait scandale en jetant de l'acide sulfurique sur un ours du zoo de Pekin. Il voulait juste, a-t-il explique, tester la reaction de l'animal a l'odeur du soufre.

A l'evidence, la sante psychologique des jeunes Chinois est mise a rude epreuve dans une societe tourneboulee par des changements multiformes. Selon les experts, 30 millions de jeunes de moins de 17 ans souffrent de problemes psychologiques. Dans les ecoles primaires et secondaires, cela represente des taux variant entre 21 % et 32 %. A l'universite, la proportion oscille entre 16 % et 25 %. Le mal-etre peut conduire les jeunes au suicide : trois etudiants de Pekin se sont donne la mort durant le premier semestre.

Les analyses abondent dans la presse. Le Quotidien des travailleurs evoque cinq raisons au desarroi de la jeunesse : la montee du materialisme, qui abolit le sens de l'effort ; le nombre d'"enfants uniques" trop gates ; l'accroissement du taux de divorce des parents (13 % au niveau national, mais le double dans les grandes villes) ; l'influence croissante des medias ; la competition de plus en plus intensive a l'universite et sur le marche du travail. Ce dernier facteur fait des ravages chez des jeunes, en general psychologiquement mal armes face a l'adversite."Surnutrition physique et malnutrition psychologique coexistent chez les adolescents de notre epoque", resume Le Quotidien de la l'egalite.

Une reaction commence a s'esquisser contre l'ideologie hypercompetitive qui amene les parents a vouloir dresser les enfants comme des "singes savants". Un livre recemment paru, Je suis heureux, je suis un plebeien ordinaire, ecrit par Zhou Hong - l'histoire d'un pere conseillant a sa fille de ne pas etre obsedee par la reussite -, s'arrache comme des petits pains dans les librairies. Les acheteurs sont des adolescents. Les parents, eux, ont denonce le brulot.

Frederic Bobin

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 27.06.02

http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3210--282448-,00.html

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