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LE MONDE | 13.08.02

L'hostilite de la population a conduit Pekin a assouplir le controle des naissances
Sous la pression du lobby anti-IVG americain, Washington a pourtant suspendu son financement de l'agence de l'ONU collaborant avec la Chine.

Rongchang (Chine du sud-ouest) de notre envoye special

Liu Chang a 45 ans, deux enfants et cela suffit : deja, quand sa femme etait enceinte du second, il a du verser a l'Etat ce que les autorites appellent la "taxe sociale de compensation".

En vertu de la politique dite de l'"enfant unique", les Chinois desireux d'avoir plus d'un enfant doivent debourser une somme pouvant aller jusqu'a deux ou trois fois leur revenu mensuel : "Maintenant, il me faudrait payer environ 4 000 yuans [666 euros], explique M. Liu. Je n'en aurais de toute facon pas voulu un troisieme, comme la plupart des gens. Car, en Chine, nous preferons desormais avoir les moyens de bien eduquer nos enfants. Au-dela d'un ou deux, cela revient trop cher..."

Seules les minorites vivant dans des regions reculees et desertes sont exemptees du controle des naissances en vigueur dans le pays le plus peuple de la planete (1,3 milliard d'habitants, selon les chiffres officiels). Autre exception : les couples dont les conjoints sont eux-memes enfants uniques ou, dans certains cas, ceux qui n'ont pu avoir qu'une fille... La politique est alors rebaptisee celle de... l'"enfant et demi" ! Traditionnellement, en Chine - comme dans d'autres pays d'Asie - la naissance d'un bebe de sexe feminin est souvent consideree comme un malheur, seuls les garcons etant juges capables d'assurer la survie financiere de leurs parents a l'heure de la retraite.

Aujourd'hui encore, d'illegales et lucratives pratiques d'analyses prenatales conduisent beaucoup de Chinoises aavorter quand elles savent etre enceintes d'une fille.

M. Liu est chef du village de Gaotian, situe au-dela d'un petit lac du canton de Rongchang, a une centaine de kilometres de l'enorme cite de Chongqing (province du Sichuan). Membre du Parti communiste, paysan jovial et disert, l'homme est assis dans la cour de sa maison sous les regards vigilants des portraits de Marx, Engels, Mao et Staline (une quadruple curiosite encore visible dans les campagnes) et avoue en s'esclaffant : "Si j'avais su qu'il fallait payer pour avoir un second enfant, je n'en aurais pas fait un de plus !"

La recente decision americaine d'arreter de financer le Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) sous pretexte que son association avec la commission d'Etat du planning familial (SFPC) permettrait a Pekin de favoriser l'avortement et la sterilisation forcee redonne un coup de projecteur sur la tres controversee politique de l'enfant unique. L'ordre de la Maison Blanche gele le budget de 34 millions de dollars alloue par les Etats-Unis au Fnuap en 2002. Il a pris tout le monde par surprise. George W. Bush a cede au puissant lobby antiavortement americain et a sa droite ultra-religieuse.

La politique de l'enfant unique, bien que mise en oeuvre depuis plus de vingt ans, n'aura force de loi qu'a partir du 1er septembre. Elle a longtemps ete impopulaire, surtout dans les campagnes. On a meme vu des representants de la SFPC pris a partie par des villageois furieux. Jusqu'a la fin des annees 1990, l'Etat avait investi l'espace familial : necessite de se procurer un certificat de naissance avant meme la conception de l'enfant, obligation de se conformer aux quotas locaux, ces derniers determinant l'annee ou la femme a le droit d'enfanter, exigence de paiement en nature (animaux d'elevage, biens de la famille) pour ceux qui ne pouvaient verser le fameux "impot" apres avoir eu un second enfant... Les contrevenants s'exposaient a des abus, tels les sterilisations ou les avortements forces.

SIGNES DE TOLERANCE

En outre, les Chinoises n'avaient guere de choix en matiere de contraceptifs : pose de sterilets apres le premier enfant et sterilisation definitive ensuite. Sans compter de louches histoires de corruption autour des "taxes sociales de compensation" finissant dans les poches de fonctionnaires. Ou des cas plus graves, comme celui de cette femme, enceinte de huit mois de son quatrieme enfant, contrainte d'avorter (les trois fonctionnaires du planning familial de la ville de Wuhan, dans le centre du pays, ont ete arretes).
Un consultant chinois collaborant avec la commission du planning familial admet que "cette politique, meme si elle a permis d'eviter 300 millions de naissances de plus en vingt ans, a dresse beaucoup de gens contre l'Etat. En cela, elle a ete loin de n'etre qu'une reussite." Aujourd'hui, il semble bien que les regles et la pratique ne soient plus aussi brutales. Selon M. He, vice-gouverneur de Rongchang, "nul n'a plus besoin, dans mon canton, de se procurer un certificat de naissance avant la conception. Nous avons supprime les quotas. Les femmes ont desormais le choix d'utiliser les moyens contraceptifs qu'elles desirent."

Dans ce district pilote, ou le Fnuap est associe aux representants locaux de la SFPC, les signes exterieurs de tolerance sont visibles : sur les murs des centres de planning familial, des affiches expliquent, en bandes dessinees, les differents moyens de contraception. Des examens prenatals sont proposes, non imposes. Dans des espaces prives, joliment baptises "chambre des murmures", les femmes peuvent parler de leurs problemes sexuels. On voit dans ces centres de jeunes hommes ou de solides paysannes avec une hotte sur le dos repartir vaillamment avec, en main, des paquets de preservatifs. Partout est affiche le nouveau credo, les "sept interdits" : entre autres, qu'il est "prohibe d'insulter ou de detenir ceux qui enfreignent" la politique de l'enfant unique, pas plus qu'il n'est permis de "confisquer leurs proprietes" ou d'empecher la naissance d'un enfant sous pretexte qu'il est"hors plan". Reste a savoir en quoi ce genre d'endroit est representatif du reste de la Chine. "Nous ne travaillerons jamais dans un canton ou des pratiques coercitives sont en vigueur", assure, a Pekin, Junko Sazaki, deleguee adjointe du Fnuap. "Dans les villes, precise-t-elle, la politique de quotas a disparu, meme si elle subsiste ailleurs. Dans plus de 800 cantons, les choses sont en train d'evoluer de maniere positive." En tout cas, la Chine s'attend a un quatrieme baby-boom : entre 2009 et 2014, predisent les experts, 20 millions de bebes naitront chaque annee.

Bruno Philip

"Pas de preuve d'avortements forces"

Thoraya Obaid, directrice generale du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap), s'est etonnee qu'en supprimant sa contribution a cet organisme "l'administration americaine ait choisi d'ignorer les recommandations de sa propre mission d'enquete [depechee en Chine au mois de mai] et la volonte du Congres, celui-ci ayant approuve le financement" americain. Une equipe de trois envoyes du departement d'Etat s'etait en effet rendue sur le terrain, du 13 au 26 mai, dans 5 des 32 cantons chinois (il y en a plus de 2 000 dans l'ex-empire du Milieu) ou le Fnuap coopere avec la Commission chinoise du planning familial. Dans son rapport, la mission indiquait ne pas avoir "trouve de preuve que le Fnuap participait en connaissance de cause a la mise sur pied de programmes d'avortement force et de sterilisation non volontaire". Le rapport ne faisait que s'inquieter des "mesures coercitives" prevues par les autorites chinoises a l'encontre d'eventuels contrevenants.

ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 14.08.02

http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3210--287254-,00.html

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