Mercredi | Longshen et ses rizieres en terrasses

"Vous verrez, c'est tres romantique" c'est ce que nous avait dit l'organisateur de la journee. Beau, c'est certain, images de cartes postales, de livres de voyages, Longshen et ses terrasses de rizieres tout le monde en a deja vu une photographie. Mais romantique ... faut croire que tout se doit d'etre romantique dans le coin !

En tout cas, c'est a 3 heures de route de Yangshuo et nous ne voulons pas rater ca.

Nous voulions meme y passer une nuit mais on nous a assure que le retour non organise serait alors plus difficile et certainement plus cher. Comme nous ne sommes pas des baroudeurs, nous decidons donc de faire le detour sur une journee, avec une escapade organisee. On sait qu'on ne pourra pas en profiter comme on veut, mais c'est mieux que rien.

Le depart est prevu a 7h30 en van tout confort. C'est chouette, on est 10 dedans : on y retrouve l'australienne et l'americain qui avaient fait le voyage avec nous depuis Guilin, 2 hollandais qui se font la Chine en velo et ... 6 francais (une famille d'expats de Nanjing et nous deux) !

La route passe par Guilin et s'enfonce apres dans les montagnes. Le paysage change progressivement et la vegetation avec.
Les bosquets de sapins deviennent forets et il nous semble que le sol est de plus en plus aride.
Les maisons aussi changent d'aspect. En quittant la plaine et la ville, elles sont maintenant en bois, immenses et souvent accrochees aux falaises.

On grimpe de plus en plus haut, il fait beau, le ciel est bleu et toute cette verdure sous le soleil, c'est vraiment agreable.

Deux heures apres notre depart, toujours pas de terrasses. On scrute chaque detour de virage en esperant voir enfin ce pour quoi on est venu. Et, tout a coup, voila les premieres !

Dans le bus, les commentaires fusent et plus personnes ne somnole :
"Regardes ! c'est quoi ?", "Bin, du riz", "Oh, il est deja tout coupe", "Oui, et meme ramasse !", "Oh, mais alors on va rien voir, c'est dommage !"

Les premieres terrasses sont toutes petites et disseminees dans tous les creux des vallees, le riz y deja recolte et rassemble en petits tas reguliers. On espere tous que tout n'est pas encore coupe en haut.

Le van grimpe toujours et chaque virage decouvre un peu plus de terrasses. Et puis on s'arrete : il faut descendre, il faut payer un droit d'entree, c'etait pas prevu ! Il y a beaucopup de bus, beaucoup de monde, impossible de discuter : on paye alors notre droit d'entrer dans la "reserve", non sans se plaindre comme de bons francais que nous sommes !

De l'autre cote du passage payant, nous devons attendre un autre bus ce qui nous laisse le loisir d'observer la tenue des touristes chinois. Si nous sommes habilles tres "a l'aise" pour supporter la chaleur et transporter bouteilles d'eau et creme solaire, ca n'est absolument pas leur cas. Costards ou pantalons a pinces pour les hommes, talons hauts et jupettes pour les femmes, certains semblent tout droit sortis d'une ceremonie ! On nous avait prevenus, mais franchement, quelle rigolade !
Vous ne verrez jamais un touriste chinois en short, s'habiller chic c'est une sorte de politesse due aux autres : on doit leur sembler bien etranges !

Ca y est, le bus arrive, il est tout vieux et deglingue, on s'entasse a l'interieur jusqu'a occuper 110 % de la place existante. Rempli a ras bord de touristes en mal de verdure, le bus entame son ascension sur la route en lacets. On n'ose imaginer ce qui se passerait en cas de panne de frein !

Dans cette atmosphere de colo on se sent vraiment en vacances et les cahots de la route ne font que nous rendre encore plus hilares. On grimpe encore et toujours et la, ... sublimes ... sous nos yeux de gamins, les rizieres toutes vertes se deroulent et epousent les flans des montagnes.

Le bus s'arrete, on descend, on croit etre arrive, mais ... il faut encore grimper, a pieds cette fois. Tout le long du chemin pave, des porteurs nous suivent attendant le coup de fatigue pour nous proposer leurs services. D'autres redescendent deja charges de touristes de tous ages. Nous tenons le coup et puis, marcher nous fait du bien apres cette matinee de bus.

Enfin, nous arrivons au premier village de bois niche au creux des montagnes, nous devons tous nous retrouver ici dans deux heures (seulement deux heures !). Tout autour de nous, comme protegees par la vallee, il y a des rizieres, des rizieres a perte de vue. Il y en a partout, ca n'en finit pas, ou que le regard se pose, ce n'est qu'une infinie succession de terrasses d'un beau vert-jaune, signe que la recolte n'est pas loin.

Pendant ces deux heures, nous marchons sur des chemins balises pour atteindre deux points de vue strategiques, des hauteurs depuis lesquelles on fera des photos. Les sentiers prennent peu de place, tout l'espace est dedie au riz. C'est a ce demander comment se fait le ravitaillement ici. Parcequ'il y a des maisons, des hameaux, et meme depuis peu des "guest houses", des sortes de petits hotels en bois accroches aux flans des collines.

C'est ici le berceau d'une minorite ethnique qui fait "le show" pour quelques yuans.
"Une photo avec les femmes aux longs cheveux ?" "Un petit sac brode de motifs traditionnels ?" et aussi "T'es perdu ? donne moi 10 yuan, je te ramene au village !" On a meme eu droit a une gamine au milieu du chemin qui voulait qu'on lui donne de l'argent pour nous laisser passer ! Non, mais franchement !

Au retour, la faim nous tenaille et nous decidons de nous arreter manger quelques nouilles a la terrasse d'une guest house, fameuses ma foi !

Et puis c'est deja l'heure de rentrer, de retourner au van, on aurait bien aime rester la, dormir sur place, attendre que les touristes aient quitte la place pour profiter de ce calme et de cette vue.

On reviendra, peut etre.

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